Sur le banc de la petite place, en observant les enfants courir sous les arbres, il arrive qu’on oublie tout le travail nécessaire pour garantir ce décor vivant et apaisant. Pourtant, entre l’herbe fraîchement coupée derrière l’église, les bords fleuris des talus et le sentier serpentant jusqu’à Saint-Albin, se cache une véritable organisation collective. Entre savoir-faire des agents municipaux, implication des associations locales et mobilisation des riverains, la commune de Plogastel-Saint-Germain dessine son visage vert semaine après semaine.
Alors, comment sont entretenus ces espaces verts et ces kilomètres de chemins de randonnée qui offrent tant de plaisir aux promeneurs, familles et amoureux de nature ? C’est tout un art, mais c’est surtout une mission exigeante, pleine de convictions et d’innovations.
L’ensemble des 4 161 hectares que compte Plogastel-Saint-Germain n’est pas urbanisé, loin de là. Selon les données INSEE et Finistère Tourisme, la commune recense plus de 25 hectares d’espaces verts publics et environ 24 km de sentiers balisés (source : Communauté de Communes du Haut-Pays Bigouden). Pour veiller à la qualité de ce cadre, la municipalité emploie une équipe technique de cinq agents polyvalents, renforcée ponctuellement par des saisonniers au printemps et en été.
Cette organisation s’adapte au fil des saisons et aux nécessités climatiques. Après les saisons pluvieuses, la réouverture des sentiers et chemins est particulièrement importante, tant pour les marcheurs locaux que pour les vacanciers.
La commune de Plogastel-Saint-Germain s’inscrit dans le mouvement du zéro phyto depuis 2017, anticipant la loi Labbé généralisant l’interdiction des produits phytosanitaires dans les collectivités (source : Ministère de la Transition Écologique). Cette décision implique une adaptation progressive vers des méthodes plus douces :
En 2023, 68 % des espaces herbeux communaux étaient progressivement passés en fauche raisonnée, soit trois passages annuels au lieu de six à huit autrefois. Cette diminution du nombre de tontes favorise la biodiversité, limitant aussi l’érosion et les effets des fortes pluies (Office Français de la Biodiversité).
Un projet de “presqu’île fleurie” est également lancé avec l’appui de la Maison de la Biodiversité Sud Finistère : il consiste à installer des prairies fleuries sur des portions de long des routes, pour attirer papillons, abeilles et autres auxiliaires indispensables au potager communal.
À Plogastel-Saint-Germain, les chemins de randonnée sont une affaire de passion. Leur entretien relève d’un partenariat : la commune gère l’entretien courant, alors que le balisage officiel est suivi en partenariat avec le Comité Départemental de Randonnée Pédestre (CDRP 29). Au total, douze boucles de randonnée sillonnent le territoire, de 2,5 km à 14 km, accessibles à pied, à vélo ou à cheval.
En saison haute, le passage sur les sentiers oscille entre 500 et 1 000 marcheurs par semaine sur l’ensemble du réseau (source : Livre Blanc Randonnée, CCHPB, 2022).
Le dialogue entre la commune et ses habitants est une clé méconnue mais précieuse du bon entretien des espaces naturels. Chaque année, une quinzaine de bénévoles se mobilisent lors des “Chantiers Nature”, organisés avec l’association locale An Dour Meur et les écoles. Ces opérations permettent d’intervenir sur :
L’intérêt pour la biodiversité est croissant : 78 % des participants aux ateliers nature en 2023 se disent prêts à adopter une gestion naturelle de leur terrain privé (enquête de la commune, printemps 2023), ce qui démontre la porosité entre espace public et initiatives individuelles.
Des outils numériques, comme l’application Geovelo pour les circuits cyclistes, commencent à être exploités pour signaler de petits obstacles ou des points d’intervention prioritaires sur les chemins. Cette synergie entre habitants, associations et agents municipaux amplifie la réactivité et le soin apporté à chaque espace.
À Plogastel, certaines pratiques d’entretien puisent dans la tradition locale : les haies taillées “en talus” (toujes), typiques du Finistère, ou le broyage des fougères pour protéger le sol (“lenn” en breton). L’usage du breton fleurit dans les panneaux illustrant la faune des sentiers : “Er váer” (Le ver luisant), “Gwrac’henn” (Le crapaud), ou indiquant une “strad” (allée) d’usage ancestral reliant le bourg à une fontaine lointaine. C’est aussi une manière de transmettre le respect du vivant, en associant nature, langue et mémoire du territoire.
Entretenir les espaces verts et les chemins n’est pas seulement une affaire de confort : c’est aussi lutter contre l’érosion, limiter les ruissellements lors des pluies (le Finistère, rappelons-le, reçoit en moyenne 1 200 mm de précipitations par an – Météo-France), protéger des espèces menacées, et offrir à tous la possibilité de se ressourcer. Un recensement mené en 2022 a permis d’identifier plus de 47 espèces végétales différentes sur un chemin long de 3 km autour du hameau de Kersaux, dont l’orchis tacheté et la linaigrette aux reflets argentés.
L’entretien ne vise pas l’uniformité mais la diversité, l’équilibre entre utilité, esthétique et préservation du vivant. Chacun, qu’il soit agent communal, bénévole, écolier ou randonneur, y trouve sa place : c’est là, finalement, le plus beau des partages du “plijadur” (plaisir) de vivre ou séjourner à Plogastel-Saint-Germain.
Chacun est invité à prêter main-forte lors des prochains chantiers, à signaler un chemin embroussaillé, à participer aux inventaires ou simplement à profiter respectueusement de chaque talus, arbuste et sentier… Car c’est ensemble que Plogastel continue d’offrir cet “air du pays” si prisé, entre lande et océan.
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