Plogastel-Saint-Germain, nichée à la lisière du Pays Bigouden, n’est pas seulement une terre de traditions, de chapelles et de festoù-noz. C’est un espace rural vivant, formé de haies, de chemins creux, de marais et de bois, où la biodiversité s’invite partout : dans la moindre parcelle, sous la mousse, sur les talus, au détour d’un lavoir.
Pour comprendre les enjeux de la protection de la biodiversité locale, il faut d’abord mesurer sa richesse. Le Finistère compte plus de 2 600 espèces animales recensées (source : Observatoire de la biodiversité en Bretagne, 2022) et la commune de Plogastel n’est pas en reste. Entre les prairies bocagères, les bosquets et les petits ruisseaux (le Ster Goz et l’Odet tout proche), les espèces inféodées aux milieux humides (grenouilles rieuses, tritons crêtés) côtoient les oiseaux migrateurs et les pollinisateurs.
Depuis quelques années, la commune et des associations comme Menez Are Gwechall ou Plogastel Nature mobilisent les habitants à travers des chantiers nature :
En 2023, plus de 120 mètres linéaires de haies ont été replantés grâce à deux chantiers citoyens. Selon la Chambre d’agriculture du Finistère, chaque kilomètre de haie protège en moyenne plus de 70 espèces animales, un réservoir de biodiversité insoupçonné souvent sous nos yeux.
La protection de la biodiversité passe aussi par l’éducation. Cette année, des classes de l’école publique se sont rendu sur les rives du ruisseau du Ster : observation des libellules, reconnaissance des traces animales, atelier fabrication de gîtes à chauves-souris avec l’association Bretagne Vivante.
Par ailleurs, la bibliothèque municipale a accueilli en mai 2024 l’exposition « Bestioles du coin », prêtée par le Parc naturel régional d’Armorique, mettant à l’honneur la faune locale et invitant les familles à devenir des inventeurs du vivant dans leur jardin (« gweladenn an natur », visite de la nature en breton).
Le bocage constitue l'une des signatures écologiques du territoire. Entre 1945 et 1995, la Bretagne a perdu plus de 70% de ses haies (source : Institut National de l’Information Géographique et Forestière). Mais ces dix dernières années, un mouvement de replantation se fait sentir – notamment à Plogastel, où l’on compte encore plus de 150 km de linéaires bocagers (Inventaire communal 2023).
Des « tronoù derv » (troncs de chêne) conservés lors de l’élagage, pour les pic-verts, jusqu’aux bandes fleuries implantées au pied des champs, la mosaïque du bocage plogastellois s’enrichit chaque saison.
Longtemps négligées, voire asséchées, les zones humides sont désormais des priorités reconnues par la commune. Depuis 2019, grâce à l’appui du SMIDAP (Syndicat Mixte de Développement de l’Aulne et du Pays Bigouden), plusieurs mares et fossés ont été cartographiés.
Ce travail méthodique, allié à la vigilance du réseau de bénévoles, permet de suivre l’évolution des habitats de reproduction du crapaud calamite ou du triton ponctué. Plogastel s’inscrit dans le projet multi-communal « Odet propre, Odet vivant », qui combat aussi les espèces envahissantes comme la renouée du Japon ou la jussie.
Avec plus de 1730 hectares agricoles sur la commune (source : Agreste Bretagne), l’équilibre entre production et préservation est crucial.
Chaque année, la semaine « Biodiversité Ferme Ouverte », organisée en mai, attire des familles pour découvrir ces bonnes pratiques : sentiers de découverte, ateliers pédagogiques, échanges directs avec les agriculteurs. Des témoignages locaux montrent que la fauche tardive multiplie par 3 à 5 le nombre de sauterelles, papillons et carabes observés dans les prairies (étude Bretagne Vivante, 2021).
Le territoire n’échappe pas aux défis : l’arrivée de la pyrale du buis, les ratons-laveurs qui concurrencent la petite faune, ou encore les risques d’assèchement lors des étés de plus en plus secs. La commune communique activement pour que chacun puisse :
Un dispositif original existe depuis 2020 pour lutter contre les pollutions diffuses : des « rivière propre boxes » (boîtes de lutte anti-déchets, installées près de ponts ou de zones de passage), rappelant l’intérêt collectif à garder les eaux propres pour tous, des habitants aux loutres.
Le « petit peuple du bocage » – hérissons, blaireaux, grenouilles, chauves-souris (« askell-groc’h » en breton) – continue de vivre à côté des hommes, grâce à cet équilibre précaire et précieux.
La force d’un territoire, c’est aussi sa capacité à impliquer chacun. Les Plogastellois le prouvent au fil des saisons, parfois discrètement :
La mairie met à disposition gratuitement des kits de graines mellifères pour inciter à la création de mini-prairies au sein des propriétés privées, avec pour objectif de créer un véritable maillage « fleurs et pollinisateurs » sur l’ensemble de la commune.
Des initiatives concrètes, un réseau associatif dynamique, et une attention croissante des agriculteurs comme des riverains : Plogastel-Saint-Germain écrit, à sa mesure, une histoire de biodiversité partagée, humble et inventive. C’est dans ces petites actions, réalisées souvent en silence, que se construit la richesse écologique de demain.
Sources : Observatoire de la Biodiversité Bretagne, Bretagne Vivante, Mairie de Plogastel-Saint-Germain, Agreste Bretagne, Chambre d’agriculture du Finistère, INPN Espèces, DRAAF Bretagne, Parc naturel régional d’Armorique, GAB 29, SMIDAP.
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